Je suis artiste photographe et danseuse. Mon parcours a commencé avec la danse, ma première
passion, mon premier langage. C’est par le corps que j’ai appris à ressentir, à m’exprimer, à
observer le monde. La scène, les studios, les échauffements, les répétitions : tous ces lieux ont
formé mon regard, bien avant que je ne tienne un appareil photo entre les mains.
Au fil des années, à force de vivre dans des corps en mouvement, l’envie de les capter s’est imposée
naturellement. La photographie est venue comme une manière de prolonger cette fascination pour le
geste, pour la présence physique, pour ce que le corps raconte sans mots.
Ce qui m'inspire profondément, c’est le corps du danseur : un corps façonné par l’effort, par la
précision, par la répétition. Un corps entraîné à maîtriser l’espace, mais qui reste sensible, habité,
vivant. Ce sont des corps qui parlent, même immobiles. Des corps qui traduisent la tension, le
relâchement, la grâce ou la fatigue.
À travers mon objectif, je cherche à capturer ce langage silencieux. Je m’attarde sur les lignes, les
ombres, les points de rupture, les instants suspendus. Ce qui m’importe, ce n’est pas seulement la
beauté du mouvement, mais tout ce qu’il révèle : la discipline, la fragilité, la force, la mémoire du
geste.
Mon travail est une exploration du corps dans sa totalité — comme forme, comme matière, comme
trace. Il interroge aussi la perception que nous avons de ces corps d’artistes, souvent idéalisés, mais
porteurs d’une histoire intime et physique.
La danse m’a appris à regarder autrement. Aujourd’hui, c’est ce regard que je transpose dans la
photographie : un regard attentif, lent, respectueux, toujours à la recherche de ce qui se joue entre
deux mouvements — là où se cache peut-être l’essentiel.
Leonie Roussel-Roques